• Perspectives

La protection de la forêt: une alliée précieuse de l’aménagement du territoire

Essai

Sonia Blind

association pour l’aménagement du territoire EspaceSuisse

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Schweiz Z Forstwes 176 (4): 198–202. https://doi.org/10.3188/szf.2025.0198

La forêt est en quelque sorte «victime de son succès»! En effet, la population suisse tend à reporter ses besoins de loisirs là où la forêt jouxte le milieu bâti. Il ne s’agit plus seulement de promenades ou de pique-niques, mais aussi d’un nombre croissant d’activités sportives et de loisirs comme le lasergame ou l’hébergement touristique. Cette tendance s’est encore renforcée depuis la révision de la loi sur l’aménagement du territoire (LAT) de 2014, qui incite à créer des milieux bâtis plus compacts.

Quel rôle l’aménagement du territoire peut-il jouer pour que la forêt reste à la fois la forêt et un lieu de détente servant la population? Il doit faire en sorte que les densifications qu’il préconise se fassent avec qualité. Cela implique notamment de mieux prendre en compte les besoins en loisirs des habitant-e-s dans le milieu bâti. Par exemple en prévoyant suffisamment d’espaces libres (verts et bleus) de qualité qui donnent envie de s’y attarder, comme des places de rencontre et de jeu ombragées et accueillantes, où il est possible de se réunir pour faire des grillades ou des pique-niques. Si les habitant-e-s passent plus de temps libre dans leur quartier, cela contribuera à alléger la pression sur les forêts aux portes de la ville.

L’aménagement du territoire a tout à gagner d’une protection de la forêt qui reste forte. Sans la première loi sur la protection des forêts, il y a bientôt 150 ans, à quoi ressemblerait la Suisse aujourd’hui? Il y a fort à parier qu’on trouverait à peine quelques forêts entre le lac Léman et celui de Constance. Souvent, l’aire forestière constitue l’ultime rempart contre la pression de l’urbanisation; même la protection des meilleures terres agricoles – les surfaces d’assolement – ne parvient pas à endiguer aussi efficacement l’étalement urbain. Forêt et urbanisation doivent donc être repensées ensemble, et non pas opposées l’une à l’autre.

En ces temps d’incertitudes dues à la crise climatique et à une situation internationale tendue, la protection de la nature semble être passée en second plan. Il est pourtant plus important que jamais de ne pas brader la protection des surfaces à valeur immatérielle, comme les forêts, mais aussi les paysages, les sols et les milieux naturels, au risque d’en payer le prix fort à l’avenir.

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