- Connaissances
Influence de l’abroutissement sur la régénération des arbres en Suisse: synthèse sur la base de données cantonales
24.04.2025

Les bourgeons et les pousses des petits arbres font partie du régime alimentaire des ongulés sauvages, ce qui peut avoir une influence sur la régénération des arbres. Nous avons étudié l’ampleur actuelle de l’influence des ongulés dans les forêts suisses (2020–2024) et s’il existe des différences régionales. Pour ce faire, nous avons rassemblé des données cantonales provenant des évaluations des experts sur l’influence du gibier et d’inventaire par échantillonnage. L’impact des ongulés est actuellement évalué par les experts sur environ deux tiers de la surface forestière. Selon la classification des niveaux d’évaluation cantonaux, 46 à 50% se situent au niveau 1, c’est-à-dire sans «atteinte» à la régénération naturelle des arbres. C’est nettement moins qu’en 2015 (68%). Les autres se situent dans les niveaux 2 à 4, avec des effets sur la qualité, le mélange d’essences, voire des retards ou des empêchements dans les processus de régénération. Le sapin et les feuillus de valeur sont particulièrement affectés. Dans les cantons de GL, GR et VS, les épicéas ont également été fréquemment broutés lors des inventaires par échantillonnage. Dans ces trois cantons, plus de 10% des forêts ont été classées au niveau d’influence des ongulés le plus élevé dans les évaluations des experts, ce qui correspond, dans ces trois cantons, à une grave «dégradation de toutes les essences d’arbres» ou à une «perte totale de la régénération». Selon les évaluations des experts, l’influence des ongulés réduit le potentiel futur des forêts suisses sur environ la moitié de la surface forestière évaluée. La mesure dans laquelle cela affecte l’adaptabilité des forêts au changement climatique, la fonction de protection à long terme, la diversité des arbres et/ou la production de bois de valeur n’est pas claire en raison des incohérences dans la définition des niveaux d’influence des ongulés. Afin d’obtenir des conclusions plus différenciées et mieux comparables, il conviendrait à l’avenir de procéder à des évaluations plus systématiques et standardisées, qui prendraient également en compte la future aptitude des essences. Cela ne devrait pas se faire au niveau de la zone de chasse ou du triage (forestier), mais à une plus petite échelle, afin que les zones problématiques deviennent visibles et quantifiables.
Schweiz Z Forstwes 176 (3): 146–157.https://doi.org/10.3188/szf.2025.0146